jeudi 16 novembre 2006

Quand les lacs du Québec suffoquent...

Le magazine virtuel "Sphères" passe sous sa loupe la problématique de la contamination des lacs du Québec avec un article intitulé "Quand les lacs du Québec suffoquent"...

Extrait: "La contamination de nombreux lacs du Québec par les microscopiques algues bleues —les cyanobactéries— a marqué l'actualité des dernières semaines. La consommation d’eau à plusieurs endroits où ces lacs servent de réservoir d’eau potable a été interdite, à cause de la prolifération de ces bactéries, qui deviennent nocives pour les êtres vivants lorsqu'elles sont trop concentrées.

Le phénomène n’est pas marginal, ni passager: 71 lacs sont touchés à divers degrés (dont le lac Massawippi, le lac Sergent, le lac Saint-Charles et le lac Saint-Joseph), et même si plusieurs d’entre eux ont levé l’interdiction de consommation d’eau en même temps que s’éloigne la saison estivale, les cyanobactéries se préparent à se multiplier dès que les beaux jours seront de retour. Céder à la panique défaitiste ou agir en s’appuyant sur l’expertise de nombreux outils? Les riverains ont fait leur choix et passent à l'action.

De nombreux citoyens, qui ne sont pas toujours ceux qui habitent sur les rives immédiates d'un lac, sont déterminés à ne pas céder à la fatalité et à assumer leurs responsabilités, dans ce qu’il est convenu d’appeler un drame écologique d’envergure.

Plusieurs comités, associations et organismes se constituent et, autour des lacs, les riverains se rassemblent, les réunions d’information se multiplient et les changements de mentalité se préparent. On cause phosphate dans la chapelle d’un village, reconvertie en salle de réunion, on alerte les médias, on s’initie aux lois de la chimie pour contrer le phénomène en connaissance de cause. (...)"

15 novembre 2006

Communiqué

L’Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Joseph (APPELSJ) met sur pied quatre comités de travail.

Fossambault-sur-le-Lac – Lors d’une rencontre de sensibilisation sur la santé du lac Saint-Joseph tenue hier soir à Fossambault-sur-le-Lac, l’Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Joseph (APPELSJ) a fait appel à ses membres, dont le nombre atteint maintenant presque 160, pour former des comités de travail.

Après la projection du film "J’ai pour toi un lac d’Alain Belhumeur", une discussion sur le film et une séance d’information donnée par Mme. Maryse St-Pierre de la Corporation du bassin de la Jacques-Cartier (CBJC), la présidente de l’association a présenté aux gens présents les quatre comités de travail qui ont été créés et a fait appel à leur participation.

Chacun des comités est chapeauté par un membre du conseil d’administration de l’association. M. Robert Simard prendra en charge le comité des communications, qui verra à bien informer les médias, les membres de l’association, les différents intervenants concernés et le public touché, sur les réflexions, les recherches et les recommandations de l’association.

Le comité de sensibilisation, géré par Mme Francine Archambault, a comme objectif de concevoir des outils afin de bien présenter les problématiques touchant la santé du lac aux résidents des municipalités environnantes et leur proposer des actions concrètes. Enfin, c’est Mme Danielle Boutet qui sera responsable du comité de reboisement, qui cherchera à trouver des moyens de financer, de faciliter et de bien réaliser cette opération cruciale pour la santé du lac.

Un comité sur la gestion nautique est aussi en cours de formation. Il sera supervisé par M. Dany Couture, membre de l’association, et M. André Boily, membre du CA, et aura le mandat d’étudier, avec les différents intervenants, la question des embarcations motorisées et d’évaluer des moyens de diminuer leur impact sur le lac.

APPELSJ dévoilera son plan d’action lors de la prochaine réunion qui va avoir lieu le mercredi 10 janvier à 19:30 h au Bivouac à Fossambault.

Rappelons que la mission de l’association est de préserver et protéger l’environnement du lac Saint-Joseph tout en sensibilisant et en instruisant la population sur les facteurs qui affectent le lac et les moyens d’assurer sa protection. L’association s’est reformée à la suite de deux récents
épisodes de fleur d’eau de cyanobactéries, qui ont privé les résidents de Fossambault-sur-le-Lac d’eau potable pendant plus d’un mois.

Pour obtenir plus d’information sur l’APPELSJ, devenir membre ou se renseigner sur les problématiques touchant l’environnement du lac Saint-Joseph, explorez notre site et envoyez-nous un courriel.


Lynda Hayes
Présidente, APPELSJ

Shplouff
Lac-St-Joseph (Avril 2005)
crédits photo S.Bellefoy

mardi 14 novembre 2006

Les cyanobactéries au lac Sergent

Les cyanobactéries au lac Sergent

Le 17 octobre dernier, le journaliste du Devoir, Louis-Gilles Francoeur, a nommé le lac Sergent dans sa liste de lacs qui ont eu une présence de cyanobactéries en 2006. Cette information venait du MDDEP qui collige les événements de la saison.

Comment se fait-il que la population du lac Sergent n’a pas été mise au courant ?

Rappel des faits

On nomme souvent les cyanobactéries des algues bleues. Sont-elles des algues ?

Oui et non ! Non, car les cyanobactéries sont classées dans le même groupe que les bactéries, lesquelles sont reconnues comme étant plus primitives que les algues. Oui dans le sens que les cyanobactéries possèdent d’importantes caractéristiques communes avec les algues, comme des pigments dans leur cellule, ce qui leur permet de faire de la photosynthèse. Pour cette raison, les cyanobactéries sont appelées également « algues bleu vert ». L’appellation « bleu-vert » est attribuable à leurs pigments bleus (phycocyanine) et verts (chlorophylle) qui dominent chez la plupart des espèces.

Dans des conditions favorables, par exemple en présence d’une grande quantité de phosphore, les cyanobactéries peuvent se reproduire rapidement et en abondance. Elles forment alors une fleur d’eau aussi appelée dans certains pays francophones « floraison » ou « efflorescence ». Le mot anglais pour désigner une fleur d’eau est bloom. Une fleur d’eau correspond à une densité si importante de cyanobactéries que le phénomène est généralement visible à l’œil nu. Cette densité peut alors atteindre des dizaines de milliers à plusieurs millions de cellules par millilitre dans un milieu aquatique. Lorsqu’une fleur d’eau de cyanobactéries s’entasse à la surface de l’eau, souvent près du rivage, elle est appelée « écume ».

Tiré de «Guide d’identification des fleurs de cyanobactéries» MDDEP, 2006.

Les cyanobactéries migrent dans la colonne d’eau profitant des meilleures opportunités de température, de disponibilité du phosphore et de lumière. Elles voyagent. En surpopulation, elles peuvent devenir toxiques à l’être humain, monter en surface et elles deviennent la fleur d’eau.

Au lac Sergent, en juillet 2006

À la mi-juillet 2006, les biologistes du MDDEP sont venus faire un test d’un protocole de suivi volontaire de lac auquel l’administration municipale et/ou l’APPELS participent depuis plusieurs années. Ils ont notés des algues bleues en grande quantité dans la colonne d’eau entre la fosse et l’île. L’APPELS a accueilli deux spécialistes qui sont venus quelques jours après cette première observation. Les cyanobactéries n’ont pas été vues cette journée là. Par mesure de précaution, des échantillons ont été prélevés et envoyés au laboratoire. Les tests ont été positifs, mais la concentration n’était pas suffisante pour poser des problèmes de santé. Alors le lac a été ajouté à la liste des lacs contaminés, afin d’assurer un suivi approprié. Aucun autre avis n’a été donné à l’APPELS.

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(MDDEP, lac Sergent 20 juillet 2006,
Photo Paul Isabelle
)

Dans les jours qui ont suivi, l’APPELS a noté la présence de cyanobactéries sans pouvoir faire de prélèvement et formellement les identifier. Il faut savoir que les cyanobactéries peuvent se concentrer et se disperser selon le vent, rendant leur observation et capture parfois difficile.

L’Association pour la protection de l'environnement du lac Sergent était au courant et en a informé le maire de Ville de Lac-Sergent dès les premières observations. Jamais la population n’a été en danger. Si la situation avait dégénéré, les démarches nécessaires d’interdiction de baignade auraient été mises en place.

Pourquoi le lac Sergent n’a pas eu la fleur d’eau appréhendée ?

Quelques hypothèses

Au dégel, l’APPELS a constaté une quantité anormalement haute de phosphore : 15 µg/l en comparaison à 7,9 µg/l en 2005, soit presque le double. Par la suite, les eaux se sont réchauffées très rapidement. En juillet, l’eau était de 4°C plus chaude que l’année précédente en surface et au fond. Le taux d’oxygène au fond baissait très rapidement. Il faut rappeler que l’anoxie au fonds du lac provoque un relargage de phosphore stocké dans les sédiments où il n’est pas disponible à la biomasse. Tout était en place pour provoquer une prolifération de cyanobactéries.

Après la semaine du 20 juillet, la région a connu une période de vent et une baisse de la température. Le lac Sergent étant peu profond a subi un brassage jusqu’en profondeur ayant comme impact d’oxygéner le fond. D’ailleurs, les relevés du monitorage n’indiquent pas d’anoxie en profondeur telle qu’observée au cours des dernières années. Ce brassage a provoqué une réduction de la transparence de l’eau pendant quelques jours. Un certain refroidissement a été noté.

Ces phénomènes conjugués ensembles ont réduit le relargage de phosphore en provenance du fonds privant les cyanobactéries d’une source additionnelle d’éléments nutritifs. La baisse de transparence momentanée aurait pu aussi jouer un rôle. Le lac Sergent bénéficie également d’une flore aquatique importante qui entre en compétition pour le phosphore. Dans ce sens, le Myriophylle à épis a sans doute joué un rôle déterminant. La profondeur, la transparence et l’anoxie de certains lacs de la région, à l’exemple du Lac St-Joseph, a sans doute joué en leur défaveur.

Le lac Sergent est-il à l’abri des cyanobactéries dans l’avenir ?

Aucunement ! Selon les hypothèses formulées précédemment, c’est probablement la conjoncture des événements climatiques qui a résulté de la situation vécue. Deux ou trois jours additionnels de temps chaud auraient eu l’impact contraire. Et le bloom d’algues bleues aurait pu apparaître dès la fin juillet : avant le Clover Leaf, avant la fin des vacances de la construction et avant la fin de la saison à la Base Plein air 4 Saisons.

Il faut continuer les efforts de limitations d’apports en phosphore dans le lac. Les savons sans phosphate, la déphosphoration des eaux usées, la revégétalisation d’une bande riveraine, l’abolition des engrais sont plusieurs moyens à documenter et à mettre en place. Il faudrait sérieusement envisager un contrôle des embarcations motorisées car la remise en suspension des sédiments augmente la quantité de phosphore de façon significative dans la colonne d’eau. En plus, les particules en suspension captent la lumière et réchauffent les eaux davantage.

L’APPELS a documenté cette hausse de la concentration de phosphore en 2004 dans la baie ouest. Le taux a doublé dans la semaine suivant la première sortie des bateaux. Un facteur peut baisser le taux de phosphore instantanément au lac Sergent, c’est d’éviter de soulever les sédiments avec les jets puissants des bateaux.

Y a-t-il de l’espoir ?

On ne pourra pas stopper le vieillissement du lac. Mais on pourra réduire l’apport d’éléments nutritifs avec des efforts importants conservant ainsi les divers usages du lac … et de surcroît, la valeur des propriétés.

L’Association pour la protection de l'environnement du lac Sergent
Par Rédaction : Claude Phaneuf, M.Sc., M.A.P. Président
Hypothèses et données : Paul Isabelle, Responsable du monitorage 2004-2006

dimanche 12 novembre 2006

Miroir de lac

Mirroir-d'eau-II
Lac-St-Joseph (Novembre 2006)
crédits photo S.Bellefoy