mercredi 13 décembre 2006

Gel de lac

Frozen-lake-II
Lac-St-Joseph (décembre 2006)
crédits photo S.Bellefoy

Renaturalisation des rives

Le site du regroupement des associations pour la protection de l'environnement des lacs et des cours d'eau de l'Estrie et du haut bassin de la rivière St-François regorge d'informations vitales à la sauvegarde de nos plans d'eau. Nous vous invitons à le parcourir avec attention...

En ce qui concerne la bonne santé des bandes riveraines, voici de la documentation tirée de cet article en ligne sur ce site d'où il est même possible de commander la vidéo de l'excellent documentaire "J'ai pour toi un lac" (pour ceux qui auraient raté le visionnement de ce documentaire organisé par notre association le 15 novembre dernier)...

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Renaturalisation des rives


Situation

Depuis les 35 dernières années, les rives des lacs et des cours d’eau ont subi des transformations inquiétantes de leurs caractéristiques naturelles. Selon des études menées par Rappel (1998-1999), plus de 59% des rives habitées sont considérées comme étant artificielles et les plans d’eau prennent en charge une concentration massive de phosphore. D’une certaine façon, la ville a été transportée à la campagne, activant ainsi le vieillissement prématuré des lacs et des cours d’eau. Ces observations alarmantes ont amené le RAPPEL à proposer un guide qui se veut un outil pratique afin d’aménager les rives d’une manière respectueuse de l’environnement.

Pour contrer l’artificialisation des rives

Le déboisement et l’aménagement artificiel des rives génèrent des conséquences déplorables pour l’environnement. La solution proposée pour y remédier consiste en la renaturalisation de ces rives en créant une bande végétale riveraine.

Désavantages d’une rive aménagée artificiellement

• Érosion ;
• Aucune filtration des polluants ;
• Réchauffement de l’eau par les pierres, diminution de l’oxygène et disparition de poissons ;
• Envasement, (sédimentation) ;
• Prolifération d’algues et de plantes aquatiques ;
• Diminution de la transparence de l’eau.

Avantages d’une rive renaturalisée

• Stabilisation de la rive par de nombreuses racines ;
• Filtration des polluants par les racines ;
• Création d’ombre ;
• Prévention de l’envasement ;
• Réduction des algues et des plantes aquatiques ;
• Conservation d’une eau claire et fraîche, bénéfique aux poissons.

Terrain sec à semi-sec

- Rosier rugueux
- Spirée à larges
- Parthénocisse à cinq folioles
(vigne vierge)

Terrain semi-sec à humide

- Myrique baumier
- Rosier rugueux
- Saule arbustif

Terrain humide

- Myrique baumier
- Saule arbustif
- Iris versicolore

Plusieurs autres espèces sont appropriées au milieu riverain et présentent des qualités esthétiques attrayantes. Leurs feuilles, leurs fleurs et leurs fruits égayeront le paysage d’une beauté changeante au gré des saisons.

Arbres suggérés. Arbustes suggérés. Plantes herbacées suggérées:

Cerisier de Virginie Houx verticillé Lobélie du cardinalÉrables rouge ou argenté Némopanthe mucroné Iris pseudacorusFrênes blanc, noir ou rouge Aulnes rugueux ou crispés
Saule blanc Églantier Thuya occidental (cèdre) Sureau du Canada Bouleau à papier Viorne cassinoïde Myrique de Pennsylvanie

Voir la liste complète des végétaux à utiliser pour la renaturalisation des rives avec leurs conditions de culture. Voir les pépinières et centres-jardins associés au RAPPEL

Planification des travaux de renaturalisation des rives

Avant d’entreprendre des travaux de renaturalisation, une bonne planification s’avère nécessaire. Il est important de faire un plan d’aménagement et de choisir les espèces végétales en fonction des facteurs suivants :

• La hauteur de la ligne des hautes eaux et de la ligne des basses eaux ;
• Le type de sol et son degré d’humidité ;
• Les périodes d’ensoleillement et les endroits plus ombragés.
Voici quelques conseils pratiques sur les précautions à prendre avant, pendant et après la plantation :

Précaution à prendre avant la plantation

Lors de la réception des plants, il est important de préserver l’humidité des racines en les plaçant dans un endroit frais, à l’abri du soleil et du vent, jusqu’à la mise en terre. Les plants peuvent s’assécher en moins de quelques minutes !

Plantation

Lors de la plantation, il est essentiel de respecter certaines règles :

• Effectuer la plantation au printemps jusqu’à la mi-juin, ou à l’automne dès la fin août ;
• Planter vos plants à la fraîcheur, c’est-à-dire tôt le matin ou en fin de journée, pour éviter leur dessèchement ;
• Disposer vos plants en quinconce : selon une disposition par cinq (quatre plants aux quatre angles d’un carré, d’un losange ou d’un rectangle et un cinquième au milieu) ;
• Privilégier un accès de biais vers le plan d’eau, pour éviter la perte de sol par ruissellement ;
• Ne pas utiliser de fertilisant.

Entretien

Après la plantation, un entretien simple et efficace facilitera l’enracinement et la croissance des plants :

• Tout au long de l’été, arroser généreusement les plants, en matinée ou en soirée ;
• Au printemps, vérifier si les plants doivent être rechaussés ;
• Au printemps ou à l’automne, couper la tête des plants (1/3) afin de renforcer leur base.

Méthode de calcul rapide pour estimer le nombre de plants nécessaires

Si l’on tient compte du principe selon lequel on plante un arbuste au 0,5 m, on peut dire que : 0,5 m de largeur = 2 rangées de plants 1 m de largeur = 3 rangées de plants 1,5 m de largeur = 4 rangées de plants. Par exemple, voici le nombre de plants nécessaires pour renaturaliser une rive : Longueur du terrain = 50 m Longueur de l’accès au plan d’eau = 5 m Espace à renaturaliser = 45 m

Dans une rangée, il faut donc planter 1 plant au 0,5 m = 90 plants Pour 1,5 m de largeur de végétation x 4 rangées Nombre de plants nécessaires = 360 plants (1m = 3,28 pieds

1) Creuser un trou assez grand pour y faire entrer aisément toute la base du plant.
Ameublir la terre dans le trou, particulièrement si elle est compactée, et arroser le fond du trou. Introduire le plant bien droit et, lorsque le trou est rempli aux deux tiers, tasser la terre. Verser de l’eau afin d’éliminer les poches d’air. Entourer de terre jusqu’au haut du collet qui doit se trouver au niveau du sol.

2) Faire une bavette autour du trou avec de la tourbe afin que l’eau des pluies ou d’arrosage y demeure. Si le terrain est en pente, veiller à ce que la bavette soit orientée vers le sens descendant de la pente. Tailler les branches endommagées ou morte, si nécessaire, et arroser de nouveau.

Il faut préciser que les plages naturelles, s’apparentant à un sol nu, n’ont pas besoin d’être revitalisées par des végétaux. Par contre, il est fortement recommandé de renaturaliser les pourtours gazonnés de ces plages, s’il y a lieu.

Renaturaliser une rive exposée aux vagues

1) Creuser une tranchée de 25 cm de profondeur, à environ 30 cm de la ligne des hautes eaux.

2) Recouvrir la tranchée et ses bords d’un morceau de jute et remplir de matériaux meubles (terre et sable).

3) Mettre les plants en terre à 0,5 m de distance et replier en ordre les côtés du morceau de jute vers les plants, pour les protéger du ressac.

4) Faufiler la jute avec une grosse ficelle. Placer des pierres autour des plants et les y laisser durant une période de 2 ans, le temps que les racines prennent bien en terre.

Renaturalisation de la partie supérieure d’un enrochement

Cette technique ne doit être utilisée que pour la plantation d’arbustes de milieu sec.

1) Déplacer quelques pierres afin de former une cuvette dans laquelle on placera le plant.

2) Étendre un morceau de jute dans la cuvette et sur ses bords. Remplir de matériaux meubles (terre et sable) et y introduire le plant.

3) Ramener en ordre les côtés du morceau de jute vers le plant, en terminant avec le côté 4 sur le côté 3 (voir dessin), pour protéger le plant de la retraite des eaux.

4) Entourer le plant de quelques pierres pour consolider l’aménagement.

Renaturalisation de la partie inférieure d’un enrochement

Cette technique ne doit être utilisée que pour la plantation d’arbustes de milieu humide.

1) Déplacer quelques pierres afin de former une cuvette dans laquelle on placera le plant, comme dans la technique précédente.

2) Placer une pierre au centre d’un morceau de jute d’environ 90 cm par 180 cm. Envelopper la pierre avec la jute et tordre le tissu de façon à former une grosse mèche avec le surplus de jute. Toutefois, ne pas tordre la jute jusqu’au bout. Garder du tissu afin de créer une sorte de poche dans laquelle on dispose le plant et des matériaux meubles (terre). (voir dessins) Installer le tout dans la cuvette et consolider l’aménagement avec quelques pierres.

3) Une variante de cette technique consiste à rouler la jute, sans créer de mèche, pour former un tube dans la cuvette. Déposer une pierre dans le fond du tube (qui est aussi le fond de la cuvette) et le remplir, en partie, de matériaux fins (argile ou silt).

4) Introduire le plant et des matériaux meubles (terre) dans le tube et rabattre la jute de la partie supérieure du tube vers le plant. Entourer de quelques pierres pour consolider l’aménagement.

Le principe de cette technique consiste à faire remonter l’eau jusqu’au plant par capillarité, aidée tant par l’argile que par la jute. Il s’avère donc primordial que la base de la mèche ou du tube touche à l’eau.

Renaturaliser un mur ou un gabion

Les murs artificiels (en bois, en béton ou en pierres) et les gabions rendent impossible la transition naturelle et essentielle entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. Leur construction sur les rives provoque un réchauffement excessif de l’eau et l’absence de végétation riveraine, par conséquent de système racinaire, empêche la filtration des polluants. Pour remédier à ces problèmes, il n’est pas nécessaire d’enlever ces aménagements artificiels. Il suffit de les renaturaliser, en les cachant avec des arbustes et des plantes.

Renaturalisation d’un mur sans plage

Technique de génie végétal pour stabiliser un terrain abrupt ou fortement érodé
Les travaux de génie végétal donne lieu à des interventions importantes et, parfois, complexes. Ils requièrent donc généralement un permis municipal. De plus, si les travaux se révèlent trop considérables ou s’ils nécessitent de l’équipement spécialisé (machinerie) pour leur réalisation, on peut s’adresser à un expert en génie végétal.

1) Fascine : arrangement de branches orientées dans le même sens et fixées solidement entre deux alignements de pieux.

2) Fagot : arrangement de branches solidement attachées et formant un boudin uniforme, maintenu en place par des piquets enfoncés dans le sol.

3) Matelas de branches : arrangement de branches posées sur la pente et retenues à l’aide de jute, de piquets et de fil métallique. Les branches doivent être parallèles à la pente.

Habituellement, on utilise les branches fraîchement coupées des arbustes environnants (aulne, saule, cornouiller, etc.) pour monter ce type d’aménagements. Il est préférable également d’effectuer ces travaux au printemps ou à l’automne.