mercredi 13 décembre 2006

Gel de lac

Frozen-lake-II
Lac-St-Joseph (décembre 2006)
crédits photo S.Bellefoy

Renaturalisation des rives

Le site du regroupement des associations pour la protection de l'environnement des lacs et des cours d'eau de l'Estrie et du haut bassin de la rivière St-François regorge d'informations vitales à la sauvegarde de nos plans d'eau. Nous vous invitons à le parcourir avec attention...

En ce qui concerne la bonne santé des bandes riveraines, voici de la documentation tirée de cet article en ligne sur ce site d'où il est même possible de commander la vidéo de l'excellent documentaire "J'ai pour toi un lac" (pour ceux qui auraient raté le visionnement de ce documentaire organisé par notre association le 15 novembre dernier)...

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Renaturalisation des rives


Situation

Depuis les 35 dernières années, les rives des lacs et des cours d’eau ont subi des transformations inquiétantes de leurs caractéristiques naturelles. Selon des études menées par Rappel (1998-1999), plus de 59% des rives habitées sont considérées comme étant artificielles et les plans d’eau prennent en charge une concentration massive de phosphore. D’une certaine façon, la ville a été transportée à la campagne, activant ainsi le vieillissement prématuré des lacs et des cours d’eau. Ces observations alarmantes ont amené le RAPPEL à proposer un guide qui se veut un outil pratique afin d’aménager les rives d’une manière respectueuse de l’environnement.

Pour contrer l’artificialisation des rives

Le déboisement et l’aménagement artificiel des rives génèrent des conséquences déplorables pour l’environnement. La solution proposée pour y remédier consiste en la renaturalisation de ces rives en créant une bande végétale riveraine.

Désavantages d’une rive aménagée artificiellement

• Érosion ;
• Aucune filtration des polluants ;
• Réchauffement de l’eau par les pierres, diminution de l’oxygène et disparition de poissons ;
• Envasement, (sédimentation) ;
• Prolifération d’algues et de plantes aquatiques ;
• Diminution de la transparence de l’eau.

Avantages d’une rive renaturalisée

• Stabilisation de la rive par de nombreuses racines ;
• Filtration des polluants par les racines ;
• Création d’ombre ;
• Prévention de l’envasement ;
• Réduction des algues et des plantes aquatiques ;
• Conservation d’une eau claire et fraîche, bénéfique aux poissons.

Terrain sec à semi-sec

- Rosier rugueux
- Spirée à larges
- Parthénocisse à cinq folioles
(vigne vierge)

Terrain semi-sec à humide

- Myrique baumier
- Rosier rugueux
- Saule arbustif

Terrain humide

- Myrique baumier
- Saule arbustif
- Iris versicolore

Plusieurs autres espèces sont appropriées au milieu riverain et présentent des qualités esthétiques attrayantes. Leurs feuilles, leurs fleurs et leurs fruits égayeront le paysage d’une beauté changeante au gré des saisons.

Arbres suggérés. Arbustes suggérés. Plantes herbacées suggérées:

Cerisier de Virginie Houx verticillé Lobélie du cardinalÉrables rouge ou argenté Némopanthe mucroné Iris pseudacorusFrênes blanc, noir ou rouge Aulnes rugueux ou crispés
Saule blanc Églantier Thuya occidental (cèdre) Sureau du Canada Bouleau à papier Viorne cassinoïde Myrique de Pennsylvanie

Voir la liste complète des végétaux à utiliser pour la renaturalisation des rives avec leurs conditions de culture. Voir les pépinières et centres-jardins associés au RAPPEL

Planification des travaux de renaturalisation des rives

Avant d’entreprendre des travaux de renaturalisation, une bonne planification s’avère nécessaire. Il est important de faire un plan d’aménagement et de choisir les espèces végétales en fonction des facteurs suivants :

• La hauteur de la ligne des hautes eaux et de la ligne des basses eaux ;
• Le type de sol et son degré d’humidité ;
• Les périodes d’ensoleillement et les endroits plus ombragés.
Voici quelques conseils pratiques sur les précautions à prendre avant, pendant et après la plantation :

Précaution à prendre avant la plantation

Lors de la réception des plants, il est important de préserver l’humidité des racines en les plaçant dans un endroit frais, à l’abri du soleil et du vent, jusqu’à la mise en terre. Les plants peuvent s’assécher en moins de quelques minutes !

Plantation

Lors de la plantation, il est essentiel de respecter certaines règles :

• Effectuer la plantation au printemps jusqu’à la mi-juin, ou à l’automne dès la fin août ;
• Planter vos plants à la fraîcheur, c’est-à-dire tôt le matin ou en fin de journée, pour éviter leur dessèchement ;
• Disposer vos plants en quinconce : selon une disposition par cinq (quatre plants aux quatre angles d’un carré, d’un losange ou d’un rectangle et un cinquième au milieu) ;
• Privilégier un accès de biais vers le plan d’eau, pour éviter la perte de sol par ruissellement ;
• Ne pas utiliser de fertilisant.

Entretien

Après la plantation, un entretien simple et efficace facilitera l’enracinement et la croissance des plants :

• Tout au long de l’été, arroser généreusement les plants, en matinée ou en soirée ;
• Au printemps, vérifier si les plants doivent être rechaussés ;
• Au printemps ou à l’automne, couper la tête des plants (1/3) afin de renforcer leur base.

Méthode de calcul rapide pour estimer le nombre de plants nécessaires

Si l’on tient compte du principe selon lequel on plante un arbuste au 0,5 m, on peut dire que : 0,5 m de largeur = 2 rangées de plants 1 m de largeur = 3 rangées de plants 1,5 m de largeur = 4 rangées de plants. Par exemple, voici le nombre de plants nécessaires pour renaturaliser une rive : Longueur du terrain = 50 m Longueur de l’accès au plan d’eau = 5 m Espace à renaturaliser = 45 m

Dans une rangée, il faut donc planter 1 plant au 0,5 m = 90 plants Pour 1,5 m de largeur de végétation x 4 rangées Nombre de plants nécessaires = 360 plants (1m = 3,28 pieds

1) Creuser un trou assez grand pour y faire entrer aisément toute la base du plant.
Ameublir la terre dans le trou, particulièrement si elle est compactée, et arroser le fond du trou. Introduire le plant bien droit et, lorsque le trou est rempli aux deux tiers, tasser la terre. Verser de l’eau afin d’éliminer les poches d’air. Entourer de terre jusqu’au haut du collet qui doit se trouver au niveau du sol.

2) Faire une bavette autour du trou avec de la tourbe afin que l’eau des pluies ou d’arrosage y demeure. Si le terrain est en pente, veiller à ce que la bavette soit orientée vers le sens descendant de la pente. Tailler les branches endommagées ou morte, si nécessaire, et arroser de nouveau.

Il faut préciser que les plages naturelles, s’apparentant à un sol nu, n’ont pas besoin d’être revitalisées par des végétaux. Par contre, il est fortement recommandé de renaturaliser les pourtours gazonnés de ces plages, s’il y a lieu.

Renaturaliser une rive exposée aux vagues

1) Creuser une tranchée de 25 cm de profondeur, à environ 30 cm de la ligne des hautes eaux.

2) Recouvrir la tranchée et ses bords d’un morceau de jute et remplir de matériaux meubles (terre et sable).

3) Mettre les plants en terre à 0,5 m de distance et replier en ordre les côtés du morceau de jute vers les plants, pour les protéger du ressac.

4) Faufiler la jute avec une grosse ficelle. Placer des pierres autour des plants et les y laisser durant une période de 2 ans, le temps que les racines prennent bien en terre.

Renaturalisation de la partie supérieure d’un enrochement

Cette technique ne doit être utilisée que pour la plantation d’arbustes de milieu sec.

1) Déplacer quelques pierres afin de former une cuvette dans laquelle on placera le plant.

2) Étendre un morceau de jute dans la cuvette et sur ses bords. Remplir de matériaux meubles (terre et sable) et y introduire le plant.

3) Ramener en ordre les côtés du morceau de jute vers le plant, en terminant avec le côté 4 sur le côté 3 (voir dessin), pour protéger le plant de la retraite des eaux.

4) Entourer le plant de quelques pierres pour consolider l’aménagement.

Renaturalisation de la partie inférieure d’un enrochement

Cette technique ne doit être utilisée que pour la plantation d’arbustes de milieu humide.

1) Déplacer quelques pierres afin de former une cuvette dans laquelle on placera le plant, comme dans la technique précédente.

2) Placer une pierre au centre d’un morceau de jute d’environ 90 cm par 180 cm. Envelopper la pierre avec la jute et tordre le tissu de façon à former une grosse mèche avec le surplus de jute. Toutefois, ne pas tordre la jute jusqu’au bout. Garder du tissu afin de créer une sorte de poche dans laquelle on dispose le plant et des matériaux meubles (terre). (voir dessins) Installer le tout dans la cuvette et consolider l’aménagement avec quelques pierres.

3) Une variante de cette technique consiste à rouler la jute, sans créer de mèche, pour former un tube dans la cuvette. Déposer une pierre dans le fond du tube (qui est aussi le fond de la cuvette) et le remplir, en partie, de matériaux fins (argile ou silt).

4) Introduire le plant et des matériaux meubles (terre) dans le tube et rabattre la jute de la partie supérieure du tube vers le plant. Entourer de quelques pierres pour consolider l’aménagement.

Le principe de cette technique consiste à faire remonter l’eau jusqu’au plant par capillarité, aidée tant par l’argile que par la jute. Il s’avère donc primordial que la base de la mèche ou du tube touche à l’eau.

Renaturaliser un mur ou un gabion

Les murs artificiels (en bois, en béton ou en pierres) et les gabions rendent impossible la transition naturelle et essentielle entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. Leur construction sur les rives provoque un réchauffement excessif de l’eau et l’absence de végétation riveraine, par conséquent de système racinaire, empêche la filtration des polluants. Pour remédier à ces problèmes, il n’est pas nécessaire d’enlever ces aménagements artificiels. Il suffit de les renaturaliser, en les cachant avec des arbustes et des plantes.

Renaturalisation d’un mur sans plage

Technique de génie végétal pour stabiliser un terrain abrupt ou fortement érodé
Les travaux de génie végétal donne lieu à des interventions importantes et, parfois, complexes. Ils requièrent donc généralement un permis municipal. De plus, si les travaux se révèlent trop considérables ou s’ils nécessitent de l’équipement spécialisé (machinerie) pour leur réalisation, on peut s’adresser à un expert en génie végétal.

1) Fascine : arrangement de branches orientées dans le même sens et fixées solidement entre deux alignements de pieux.

2) Fagot : arrangement de branches solidement attachées et formant un boudin uniforme, maintenu en place par des piquets enfoncés dans le sol.

3) Matelas de branches : arrangement de branches posées sur la pente et retenues à l’aide de jute, de piquets et de fil métallique. Les branches doivent être parallèles à la pente.

Habituellement, on utilise les branches fraîchement coupées des arbustes environnants (aulne, saule, cornouiller, etc.) pour monter ce type d’aménagements. Il est préférable également d’effectuer ces travaux au printemps ou à l’automne.

jeudi 30 novembre 2006

EAU SECOURS !

Un site qui regorge d'informations et d'articles pertinents sur la santé et la préservation de l'eau. Plus d'informations sur ce site via Wikipédia...

"La Coalition québécoise pour une gestion responsable de l'eau. En 1998, des citoyens et des citoyennes du Québec, au Canada, décident de se donner les moyens d’intervenir dans la gestion de l’eau et fondent La Coalition Eau Secours !, qui a pour but, selon ses membres, de revendiquer et promouvoir une gestion responsable de l’eau dans une perspective de santé publique, d’équité, d’accessibilité, de défense collective des droits de la population, d’amélioration des compétences citoyennes de la population, de développement durable et de souveraineté collective sur cette ressource vitale et stratégique (...)"

Calme limpide

Un lac réfléchit mieux les étoiles qu'une rivière.
Théodore Jouffroy


Calme-de-lac
Lac-St-Joseph (novembre 2006)
crédits photo S.Bellefoy

Association de citoyens du lac St-Charles

À découvrir, le site de l'association pour la protection de l'environnement du lac St-Charles...

Présentation: "L’Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Charles et des Marais du Nord (APEL) est un organisme à but non lucratif ayant pour mission de sauvegarder et mettre en valeur le riche patrimoine écologique du bassin versant du lac et de la rivière Saint-Charles. Fondée en octobre 1980, l'APEL s'est donnée plusieurs mandats :

- Sensibiliser la population locale à la protection de l'environnement ;
- Amener les intervenants de la région à agir concrètement pour protéger et améliorer l'environnement du bassin versant du lac Saint-Charles ;
- Obtenir l'expertise professionnelle nécessaire à la formulation de recommandations visant l'exécution de correctifs appropriés pour protéger nos milieux naturels ;
- Améliorer les connaissances disponibles sur l'écologie régionale par la poursuite d'études scientifiques, d'analyses techniques et d'inventaires environnementaux ;
- Aménager et mettre en valeur les attraits naturels du lac Saint-Charles ;
- Agir afin d’améliorer la qualité de l’eau du lac Saint-Charles et de ses affluents ;
- Contribuer au maintien de la biodiversité du lac Saint-Charles et de ses environs.

Le lac Saint-Charles constituant la réserve d'eau potable pour près de 250 000 personnes de la région de Québec, la préservation de la qualité de l'eau et des écosystèmes aquatiques associés à ce plan d'eau et à son bassin versant revêt une importance accrue. (...)"

Il est à noter que le lac St-Charles a lui aussi connu des problémes de cyanobactéries cet automne 2006...

Coté lecture

En notre bibliothèque virtuelle, un livre de André Hade intitulé "Nos lacs". Cet ouvrage est disponible à la libraire Pantoute de Québec...

"Partie intégrante des paysages qui nous entourent, les lacs exercent une remarquable attraction. On les fréquente à titre de résidant, de villégiateur, de sportif ou comme amant de la nature. Il arrive cependant que ce beau lac que nous avions jadis connu présente aujourd’hui un nouveau visage moins réjouissant. Que s’est-il passé ? Comment ce coin de paradis a-t-il pu perdre de son charme ? Quelles sont les causes de ce changement ? Aurait-on pu éviter une telle dégradation ?

Voilà quelques-unes des questions abordées dans ce livre. Il s’adresse à tous ceux qui aiment les lacs et les fréquentent, à ceux qui les étudient et qui s’inquiètent de leur fragilité, à ceux qui s’intéressent à leur protection ou qui en assurent la gestion. Écosystème quasi autonome, le lac est un véritable être vivant qui subit l’influence des facteurs environnementaux et qui réagit au stress qui l’assaille. Pour contrer ces menaces, l’auteur donne des indications sur les mesures à prendre pour conserver la qualité des lacs et offre des pistes pour corriger certaines situations fâcheuses. On trouvera également des réponses sur la composition des lacs, leurs propriétés et les paramètres de qualité à respecter."

samedi 25 novembre 2006

J'ai mal à "mon" lac

Blue-Zen
Lac-St-Joseph (novembre 2006)
crédits photo S.Bellefoy

Au Québec, l’eau est une partie importante de ce qui fait notre patrimoine collectif. Il y a plus d’un million de lac en notre belle province. La majorité se cachent dans le Grand Nord en des territoires plutôt inhospitaliers, ce qui a le mérite de les protéger (même si plusieurs mines et autres projets d’industries affectent sérieusement plusieurs cours d’eau). Dans le sud du Québec, nos plans d’eau se dégradent à vue d’œil. Il faut se rendre à l’évidence, il coure en nos contrées un mal insidieux qui se prénomme ignorance. Un mal qui fait des ravages. Faut-il penser que l’indifférence est en train de se joindre à l’ignorance pour composer ce dangereux cocktail qui, à long terme, empoisonnera la majorité de nos lac habités?

Dans la partie industrialisée du Québec, il est de moins en possible de boire l’eau de nos lacs. La nature se fait dévorer par les excès de notre société. Si l’on ne fait rien pour changer le cours des choses actuelles, cette nature qui fait la fierté de notre patrie et la pureté de ses paysages, dignes des meilleures cartes postales, ne seront plus que des publicités mensongères pour touristes crédules.

Entre les coupes à blanc, la pollution des grandes cités humaines, l’agriculture menée selon des concepts industriels, l’extinction des espèces, les bélugas malades, l’étouffement des lacs et la fonte du Grand Nord, ne doit-on pas se poser les questions suivantes? « Quel est l’impact de notre mode de vie sur notre environnement? Quel environnement désirons-nous laisser à nos enfants? Que pouvons nous faire à notre échelle? »

Ce qu’il est bon de savoir sur les lacs

Un lac n’est pas juste une cuvette d’eau que l’on peut impunément transformer en un terrain de jeux pour adultes insouciants. Un lac peut se comparer à un cœur. C’est un organisme vivant qui est le résultat d’un bassin complexe. Des millions de rigoles forment les veines qui le nourrissent. Sa bande littorale est son muscle cardiaque. L’eau peu profonde qui borde ses rives est l’habitat de 80% de sa population aquatique. La majorité des poissons utilisent cette bande littorale comme une garderie, c’est là qu’ils élèvent leurs petits.

Chaque "cœur de lac" a deux pulsations cardiaques par année, l’une au printemps et l’autre à l’automne. Cet automne, dans le sud du Québec, des dizaines de lac ont eu des petits malaises cardiaques. Petits malaises causés par le stress qu’on leur impose. En effet, notre mode de vie moderne stresse les lacs qui nous apaisent! N’est-ce pas l’ultime ironie? Il est bon de se rendre compte que même si l’on a le pouvoir de tuer un lac en une poignée de générations, il est encore plus facile de tuer le plaisir paisible qu’il peut nous offrir. Malheureusement, transformer un lac innocent en un puéril terrain de jeux est d’une simplicité enfantine puisque le gouvernement impose si peu de réglementations sensées. Un gouvernement actuel si laxiste sur le sujet qu’on pourrait presque croire qu’il s'en lave les mains.

Ainsi chaque lac, chaque réservoir d’eau potable a besoin de notre conscience civile. En tant que citoyens avertis, il est de notre responsabilité morale de protéger cette richesse commune en prenant les mesures nécessaire pour assurer sa pérennité. Nos lacs se détériorent, il y a urgence! Nos actes présents détermineront la nature de demain.

Qu’est-ce qui menace nos lacs ?

Plusieurs facteurs se conjuguent pour agresser un plan d’eau. Il y a, la déforestation qui fragilise énormément les lacs comme c’est le cas pour plusieurs situés dans les Laurentides. Il y a, l’agriculture moderne qui n’a plus rien d’ancestral et qui, par un mode de surproduction, rejette des doses massives d’engrais et autres éléments nocifs dans la nature qu’elle exploite. Il y a, les pluies acides qui ne sont pas prêtes de s’arrêter de tomber vu l’expansion du parc automobile au pays. Il y a, le déboisement massif des rives habitées qui nuit au bon fonctionnement des filtres naturels. Il y a, les bateaux, de plus en plus gros, de plus en plus puissants, de plus en plus nombreux qui brassent les eaux sans se préoccuper des conséquences de leurs vagues. Il y a, selon les contextes, des fosses sceptiques qui fuient, des égouts qui débordent, des habitudes de vies généralement nocives à la bonne santé de nos lacs.

L’avenir est entre nos mains.

Malgré des bilans de santé souvent médiocres, avec de bons soins et de la bonne conscience, un lac peut guérir. Pour le soigner, il suffit de diminuer l’apport des phosphores. Il est important de prendre les mesures adéquates pour ce faire, car en quelques générations seulement, il est possible d'inverser la vapeur. En faisant évoluer nos mentalités, l’on peut sauver un lac pour le rendre intact aux enfants des siècles prochains. Chaque personne a le pouvoir d’agir à sa petite échelle. En unissant les forces et les esprits, il est permis d’espérer des changements positifs pour tous.

Au cours des dernières années, le gouvernement a peu à peu laissé tomber ses programmes de préservation des lacs. Il ne semble pas vouloir faire de notre nature une priorité. C’est donc au citoyen d’agir, c’est à lui de se démener pour se faire entendre, de se battre pour ce qui lui tient à cœur. Partout au Québec des associations se regroupent pour lutter contre l’ignorance populaire, pour forcer les administrations à bouger. Petit à petit, l’espoir renaît sous forme d'étincelles humaines…

jeudi 23 novembre 2006

La santé des lacs

"En 2004, Louis-Gilles Francœur, journaliste au Devoir, propose un tour du Québec, l’œil ouvert sur l’environnement. Cette semaine, il explique comment préserver la santé d’un lac en limitant, entre autres, le développement des chalets et la prise de truites grâce à la collaboration des résidents. Il explique aussi sa technique de pêche."

Sa chronique audio à écouter par là...

Forum national sur les lac

Site officiel du forum national sur les lacs...

Extrait du bilan :" Réunis à l’hôtel Mont Gabriel de Sainte-Adèle pendant deux jours, plus de 300 usagers, scientifiques, experts et gestionnaires du territoire tant municipaux que provinciaux, venus de toutes les régions du Québec, ont fait le constat suivant :

• Les lacs du Québec constituent un patrimoine collectif et un capital naturel inestimable qu’il est urgent de protéger et de valoriser;

• Des menaces sérieuses pèsent à l’égard de leur état de santé et plusieurs sont déjà fortement dégradés, particulièrement dans le sud du Québec;

• L’ignorance des exigences de protection des lacs de la part des utilisateurs et des gestionnaires, des déficiences importantes dans l’application des lois et règlements ainsi que les méthodes et pratiques des secteurs agricole et forestier de même que dans l’industrie du tourisme et de la villégiature constituent les principales causes de la dégradation des milieux lacustres;

• Des solutions existent. Certaines sont simples d’exécution et peu coûteuses à implanter;

• Ce sont principalement les groupes environnementaux ainsi que les regroupements de citoyens et de riverains qui assument présentement le leadership en ce domaine bien que l’application des lois, règlements et pratiques relève principalement des autorités municipales et provinciales;

• L’engouement pour les lacs entraîne d’autres conséquences, de nature sociale et économique, dont il faut rapidement s’occuper, soit l’augmentation du coût des propriétés riveraines, l’harmonisation des relations entre les populations locales et les néo-ruraux, l’accessibilité aux lacs et l’augmentation des conflits d’usage. (...)"

Zénitude

Poésie visuelle...


Zenitude
Lac St-Joseph (septembre 2006)

71 lacs contaminés au Québec

Un article à parcourir de Louis-Gilles Francoeur (Le Devoir. Édition du mardi 17 octobre 2006)

Extrait: "Les cas de cyanobactéries ont fait un bond de plus de 40% en un an. Le problème des cyanobactéries prend de l'ampleur au Québec, alors que le nombre de lacs touchés a augmenté en un an de plus de 40 % à l'échelle provinciale et de 50 % sur la rive nord du fleuve.

Selon la plus récente compilation réalisée par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) à la demande du Devoir, le nombre de lacs touchés est passé de 50 l'an dernier à 71 cette année. En 2003, quelque 43 lacs se sont retrouvés aux prises avec des proliférations des cyanobactéries qui produisent une toxine dangereuse pour les humains et les animaux à certaines concentrations. (...)"

Coté lecture


Dans notre coin bibliothèque, un livre de Robert Lapalme...

"Au Québec, voilà déjà quelques années que la qualité de l’eau des lacs se dégrade. Heureusement, plusieurs spécialistes de l’écologie de l’eau se sont attaqués aux problèmes. Jusqu’à aujourd’hui, après avoir bien identifié les sources de pollution en provenance du bassin versant, dans la plupart des cas, ils proposaient des mesures de protection. Si cette stratégie était efficace, les résultats étaient lents à se faire sentir.


Dans une approche nouvelle et avant-gardiste, Robert Lapalme, qui s’intéresse à l’eau, aux bassins versants et aux lacs depuis plus de 20 ans, vous propose d’aller plus loin et de mettre en place des mesures de restauration. Il vous suggère des pistes pour aménager votre terrain et votre zone littorale, ainsi que pour contrôler les plantes aquatiques et réduire les sédiments du lac."

Lorsque la mer ne veut plus être polluée

Serions-nous aussi insouciants avec la nature si elle était capable de mieux se défendre? Par ici, une petite vidéo percutante...

"Le chapitre français de l'organisme international SurfRider, voué à la protection des océans, a créé une publicité dans laquelle la mer se venge des nuisances de l'Homme. Ce message fait partie de campagnes de sensibilisation que mène régulièrement l'organisme. On peut d'ailleurs voir sur son site Web un autre message télé et plusieurs campagnes imprimées "

mercredi 22 novembre 2006

A-Beautiful-Day-II
Lac-St-Joseph (22 novembre 2006)
crédits photo S.Bellefoy

jeudi 16 novembre 2006

Quand les lacs du Québec suffoquent...

Le magazine virtuel "Sphères" passe sous sa loupe la problématique de la contamination des lacs du Québec avec un article intitulé "Quand les lacs du Québec suffoquent"...

Extrait: "La contamination de nombreux lacs du Québec par les microscopiques algues bleues —les cyanobactéries— a marqué l'actualité des dernières semaines. La consommation d’eau à plusieurs endroits où ces lacs servent de réservoir d’eau potable a été interdite, à cause de la prolifération de ces bactéries, qui deviennent nocives pour les êtres vivants lorsqu'elles sont trop concentrées.

Le phénomène n’est pas marginal, ni passager: 71 lacs sont touchés à divers degrés (dont le lac Massawippi, le lac Sergent, le lac Saint-Charles et le lac Saint-Joseph), et même si plusieurs d’entre eux ont levé l’interdiction de consommation d’eau en même temps que s’éloigne la saison estivale, les cyanobactéries se préparent à se multiplier dès que les beaux jours seront de retour. Céder à la panique défaitiste ou agir en s’appuyant sur l’expertise de nombreux outils? Les riverains ont fait leur choix et passent à l'action.

De nombreux citoyens, qui ne sont pas toujours ceux qui habitent sur les rives immédiates d'un lac, sont déterminés à ne pas céder à la fatalité et à assumer leurs responsabilités, dans ce qu’il est convenu d’appeler un drame écologique d’envergure.

Plusieurs comités, associations et organismes se constituent et, autour des lacs, les riverains se rassemblent, les réunions d’information se multiplient et les changements de mentalité se préparent. On cause phosphate dans la chapelle d’un village, reconvertie en salle de réunion, on alerte les médias, on s’initie aux lois de la chimie pour contrer le phénomène en connaissance de cause. (...)"

15 novembre 2006

Communiqué

L’Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Joseph (APPELSJ) met sur pied quatre comités de travail.

Fossambault-sur-le-Lac – Lors d’une rencontre de sensibilisation sur la santé du lac Saint-Joseph tenue hier soir à Fossambault-sur-le-Lac, l’Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Joseph (APPELSJ) a fait appel à ses membres, dont le nombre atteint maintenant presque 160, pour former des comités de travail.

Après la projection du film "J’ai pour toi un lac d’Alain Belhumeur", une discussion sur le film et une séance d’information donnée par Mme. Maryse St-Pierre de la Corporation du bassin de la Jacques-Cartier (CBJC), la présidente de l’association a présenté aux gens présents les quatre comités de travail qui ont été créés et a fait appel à leur participation.

Chacun des comités est chapeauté par un membre du conseil d’administration de l’association. M. Robert Simard prendra en charge le comité des communications, qui verra à bien informer les médias, les membres de l’association, les différents intervenants concernés et le public touché, sur les réflexions, les recherches et les recommandations de l’association.

Le comité de sensibilisation, géré par Mme Francine Archambault, a comme objectif de concevoir des outils afin de bien présenter les problématiques touchant la santé du lac aux résidents des municipalités environnantes et leur proposer des actions concrètes. Enfin, c’est Mme Danielle Boutet qui sera responsable du comité de reboisement, qui cherchera à trouver des moyens de financer, de faciliter et de bien réaliser cette opération cruciale pour la santé du lac.

Un comité sur la gestion nautique est aussi en cours de formation. Il sera supervisé par M. Dany Couture, membre de l’association, et M. André Boily, membre du CA, et aura le mandat d’étudier, avec les différents intervenants, la question des embarcations motorisées et d’évaluer des moyens de diminuer leur impact sur le lac.

APPELSJ dévoilera son plan d’action lors de la prochaine réunion qui va avoir lieu le mercredi 10 janvier à 19:30 h au Bivouac à Fossambault.

Rappelons que la mission de l’association est de préserver et protéger l’environnement du lac Saint-Joseph tout en sensibilisant et en instruisant la population sur les facteurs qui affectent le lac et les moyens d’assurer sa protection. L’association s’est reformée à la suite de deux récents
épisodes de fleur d’eau de cyanobactéries, qui ont privé les résidents de Fossambault-sur-le-Lac d’eau potable pendant plus d’un mois.

Pour obtenir plus d’information sur l’APPELSJ, devenir membre ou se renseigner sur les problématiques touchant l’environnement du lac Saint-Joseph, explorez notre site et envoyez-nous un courriel.


Lynda Hayes
Présidente, APPELSJ

Shplouff
Lac-St-Joseph (Avril 2005)
crédits photo S.Bellefoy

mardi 14 novembre 2006

Les cyanobactéries au lac Sergent

Les cyanobactéries au lac Sergent

Le 17 octobre dernier, le journaliste du Devoir, Louis-Gilles Francoeur, a nommé le lac Sergent dans sa liste de lacs qui ont eu une présence de cyanobactéries en 2006. Cette information venait du MDDEP qui collige les événements de la saison.

Comment se fait-il que la population du lac Sergent n’a pas été mise au courant ?

Rappel des faits

On nomme souvent les cyanobactéries des algues bleues. Sont-elles des algues ?

Oui et non ! Non, car les cyanobactéries sont classées dans le même groupe que les bactéries, lesquelles sont reconnues comme étant plus primitives que les algues. Oui dans le sens que les cyanobactéries possèdent d’importantes caractéristiques communes avec les algues, comme des pigments dans leur cellule, ce qui leur permet de faire de la photosynthèse. Pour cette raison, les cyanobactéries sont appelées également « algues bleu vert ». L’appellation « bleu-vert » est attribuable à leurs pigments bleus (phycocyanine) et verts (chlorophylle) qui dominent chez la plupart des espèces.

Dans des conditions favorables, par exemple en présence d’une grande quantité de phosphore, les cyanobactéries peuvent se reproduire rapidement et en abondance. Elles forment alors une fleur d’eau aussi appelée dans certains pays francophones « floraison » ou « efflorescence ». Le mot anglais pour désigner une fleur d’eau est bloom. Une fleur d’eau correspond à une densité si importante de cyanobactéries que le phénomène est généralement visible à l’œil nu. Cette densité peut alors atteindre des dizaines de milliers à plusieurs millions de cellules par millilitre dans un milieu aquatique. Lorsqu’une fleur d’eau de cyanobactéries s’entasse à la surface de l’eau, souvent près du rivage, elle est appelée « écume ».

Tiré de «Guide d’identification des fleurs de cyanobactéries» MDDEP, 2006.

Les cyanobactéries migrent dans la colonne d’eau profitant des meilleures opportunités de température, de disponibilité du phosphore et de lumière. Elles voyagent. En surpopulation, elles peuvent devenir toxiques à l’être humain, monter en surface et elles deviennent la fleur d’eau.

Au lac Sergent, en juillet 2006

À la mi-juillet 2006, les biologistes du MDDEP sont venus faire un test d’un protocole de suivi volontaire de lac auquel l’administration municipale et/ou l’APPELS participent depuis plusieurs années. Ils ont notés des algues bleues en grande quantité dans la colonne d’eau entre la fosse et l’île. L’APPELS a accueilli deux spécialistes qui sont venus quelques jours après cette première observation. Les cyanobactéries n’ont pas été vues cette journée là. Par mesure de précaution, des échantillons ont été prélevés et envoyés au laboratoire. Les tests ont été positifs, mais la concentration n’était pas suffisante pour poser des problèmes de santé. Alors le lac a été ajouté à la liste des lacs contaminés, afin d’assurer un suivi approprié. Aucun autre avis n’a été donné à l’APPELS.

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(MDDEP, lac Sergent 20 juillet 2006,
Photo Paul Isabelle
)

Dans les jours qui ont suivi, l’APPELS a noté la présence de cyanobactéries sans pouvoir faire de prélèvement et formellement les identifier. Il faut savoir que les cyanobactéries peuvent se concentrer et se disperser selon le vent, rendant leur observation et capture parfois difficile.

L’Association pour la protection de l'environnement du lac Sergent était au courant et en a informé le maire de Ville de Lac-Sergent dès les premières observations. Jamais la population n’a été en danger. Si la situation avait dégénéré, les démarches nécessaires d’interdiction de baignade auraient été mises en place.

Pourquoi le lac Sergent n’a pas eu la fleur d’eau appréhendée ?

Quelques hypothèses

Au dégel, l’APPELS a constaté une quantité anormalement haute de phosphore : 15 µg/l en comparaison à 7,9 µg/l en 2005, soit presque le double. Par la suite, les eaux se sont réchauffées très rapidement. En juillet, l’eau était de 4°C plus chaude que l’année précédente en surface et au fond. Le taux d’oxygène au fond baissait très rapidement. Il faut rappeler que l’anoxie au fonds du lac provoque un relargage de phosphore stocké dans les sédiments où il n’est pas disponible à la biomasse. Tout était en place pour provoquer une prolifération de cyanobactéries.

Après la semaine du 20 juillet, la région a connu une période de vent et une baisse de la température. Le lac Sergent étant peu profond a subi un brassage jusqu’en profondeur ayant comme impact d’oxygéner le fond. D’ailleurs, les relevés du monitorage n’indiquent pas d’anoxie en profondeur telle qu’observée au cours des dernières années. Ce brassage a provoqué une réduction de la transparence de l’eau pendant quelques jours. Un certain refroidissement a été noté.

Ces phénomènes conjugués ensembles ont réduit le relargage de phosphore en provenance du fonds privant les cyanobactéries d’une source additionnelle d’éléments nutritifs. La baisse de transparence momentanée aurait pu aussi jouer un rôle. Le lac Sergent bénéficie également d’une flore aquatique importante qui entre en compétition pour le phosphore. Dans ce sens, le Myriophylle à épis a sans doute joué un rôle déterminant. La profondeur, la transparence et l’anoxie de certains lacs de la région, à l’exemple du Lac St-Joseph, a sans doute joué en leur défaveur.

Le lac Sergent est-il à l’abri des cyanobactéries dans l’avenir ?

Aucunement ! Selon les hypothèses formulées précédemment, c’est probablement la conjoncture des événements climatiques qui a résulté de la situation vécue. Deux ou trois jours additionnels de temps chaud auraient eu l’impact contraire. Et le bloom d’algues bleues aurait pu apparaître dès la fin juillet : avant le Clover Leaf, avant la fin des vacances de la construction et avant la fin de la saison à la Base Plein air 4 Saisons.

Il faut continuer les efforts de limitations d’apports en phosphore dans le lac. Les savons sans phosphate, la déphosphoration des eaux usées, la revégétalisation d’une bande riveraine, l’abolition des engrais sont plusieurs moyens à documenter et à mettre en place. Il faudrait sérieusement envisager un contrôle des embarcations motorisées car la remise en suspension des sédiments augmente la quantité de phosphore de façon significative dans la colonne d’eau. En plus, les particules en suspension captent la lumière et réchauffent les eaux davantage.

L’APPELS a documenté cette hausse de la concentration de phosphore en 2004 dans la baie ouest. Le taux a doublé dans la semaine suivant la première sortie des bateaux. Un facteur peut baisser le taux de phosphore instantanément au lac Sergent, c’est d’éviter de soulever les sédiments avec les jets puissants des bateaux.

Y a-t-il de l’espoir ?

On ne pourra pas stopper le vieillissement du lac. Mais on pourra réduire l’apport d’éléments nutritifs avec des efforts importants conservant ainsi les divers usages du lac … et de surcroît, la valeur des propriétés.

L’Association pour la protection de l'environnement du lac Sergent
Par Rédaction : Claude Phaneuf, M.Sc., M.A.P. Président
Hypothèses et données : Paul Isabelle, Responsable du monitorage 2004-2006

dimanche 12 novembre 2006

Miroir de lac

Mirroir-d'eau-II
Lac-St-Joseph (Novembre 2006)
crédits photo S.Bellefoy

samedi 11 novembre 2006

INVITATION

L’association pour la protection du lac Saint-Joseph vous invite à une rencontre le mardi 14 novembre, à 19 h 30, au Bivouac, 145, rue Gingras, à Fossambault.

À l’ordre du jour :

- Mot de la présidente
- Présentation du documentaire "J’ai pour toi un lac, d’Alain Belhumeur". "Ce film présente une vision nouvelle du lac contemporain, amorce quelques pistes de solution pour gérer nos plans d’eau, soulève et propose une série de réflexions sur les droits et devoirs des usagers".
- Discussion en companie d'un représentant de la Corporation du Bassin de la Jacques-Cartier

Pour des lacs propres, propres, propres

Le Soleil
Maison, samedi 4 novembre 2006, p. M28
Horticulture

Pour des lacs propres, propres, propres
Hodgson, Larry
Collaboration spéciale

Depuis quelques semaines, les cas de prolifération d'algues bleues (cyanobactéries) dans les lacs de la région, et notamment le lac Saint-Charles qui fournit de l'eau potable à beaucoup de citoyens de Québec, ont fait les manchettes. La population s'indigne : "Pourquoi le gouvernement ne fait-il pas quelque chose ?" et pourtant, une bonne partie de la responsabilité de cette situation réside carrément dans la façon dont les propriétaires riverains gèrent leur terrain. D'accord, il y a des cas, où la faute principale relève des industries situées en bordure du
lac, des fermes qui utilisent un excès d'engrais, des égouts des villes qui ne sont pas conformes à la réglementation, mais dans la majorité des cas, notamment les petits lacs loin de toute industrie et activité agricole, la faute relève carrément de l'attitude des propriétaires qui
vivent le long du lac lui-même et qui ont donc le plus à perdre quand leur lac devient contaminé, pollué, plein d'algues puantes.

Une vue sur lac qui coûte cher à l'environnement

Nous avons encore une vision des années 50 vis-à-vis de nos lacs ; on les aime entourés de chalets et de maisons coquettes, chacun avec sa petite plage, son quai et surtout, une belle pelouse verdoyante qui s'étend jusqu'au bord de l'eau. Pourtant, une telle situation est presque garante de problèmes d'eutrophisation (mort des lacs), car elle contribue à l'accumulation de phosphore, d'azote et d'autres polluants dans le lac, ce qui mène à une baisse du taux d'oxygène dans l'eau, à la mort des poissons et à la prolifération des algues. En effet, pelouses et plages n'arrêtent nullement les polluants qui peuvent dévaler les pentes autour du lac et finir dans l'eau. On blâme beaucoup les fertilisants mis sur les gazons et les fosses septiques non conformes, mais même les déchets naturels, comme la poussière, la terre et les feuilles mortes emportées dans le lac par l'érosion contribuent à son eutrophisation.

Une solution si facile

Pourtant, cette eutrophisation est facile à éviter. Il s'agit tout simplement de maintenir la végétation naturelle en bordure du lac, là où elle existe toujours, ou de la réinstaller là où elle a été supprimée. Le gazon n'aide nullement à dépolluer un lac, en fait, il empire la situation ; il faut une végétation plus haute et plus dense. Une végétation qui peut, par ses racines longues, retenir la terre et mettre fin à l'érosion (ne comptez surtout pas sur les fausses plages et le gazon pour le faire !) et filtrer les eaux de ruissellement, absorbant les polluants avant qu'ils n'aboutissent dans le lac. Même avec une fosse septique qui fuit à proximité d'un lac, s'il y a une bande de végétation adéquate, l'eau qui rentre dans le lac sera aussi pure que l'eau de montagne. De plus, l'enchevêtrement des branches de cette végétation empêchera la poussière et une partie des feuilles de finir dans le lac (aussi curieux que cela puisse paraître, quand il y a une forêt qui borde un lac, il y a moins de feuilles et de poussière qui y finissent que lorsqu'il est bordé de pelouse qui n'arrête nullement le vent et tout ce qu'il charrie).

Et il ne s'agit pas de reboiser tout le terrain, mais tout simplement de laisser une bande de végétation en bordure du lac. Vous pouvez avoir une belle pelouse, tant qu'elle ne descend pas jusqu'au lac.

Le gouvernement préconise une "bande de végétation naturelle" autour des lacs, bande qui aura une largeur de 10 m dans le cas des pentes douces et de 15 m dans le cas des pentes abruptes (l'eau descend plus rapidement quand la pente est raide et il faut donc un "filtre vivant" plus large pour bien nettoyer les déchets). Et cela suffit, même quand il y a des sources importantes de pollution près du lac, comme un terrain de golf (où la quantité d'engrais et de pesticides utilisés est faramineuse) ou une terre agricole où on laisse la terre nue l'hiver et qu'on fertilise beaucoup l'été, comme une production de maïs.

Contrer les objections des propriétaires

La solution est si facile... mais allez donc expliquer cela aux propriétaires de maisons souvent cossues en bordure d'un lac. D'ailleurs, il faut voir à quel point les règlements déjà existants sur le maintien des berges sont bafoués encore et encore pour comprendre que plusieurs propriétaires considèrent qu'ils ont le droit de faire ce qu'ils veulent chez eux. Au diable les règlements ! Souvent, ils sont très en faveur à ce que tous les autres installent une bande de végétation en bordure du lac, mais pas eux, car ils veulent conserver leur vue sur le lac, disent-ils.

Mais il ne faut pas voir cette bande de végétation naturelle comme un mur de végétation de 15 m de hauteur qui bloquera toute la vue sur le lac. Bien au contraire, on peut utiliser des arbustes de taille modeste aussi bien que des arbres. Ainsi, encadrez la vue que vous avez présentement
avec des arbres (elle n'en sera que plus belle) et plantez des arbustes là où vous voulez continuer de voir le lac.

Il faut souligner le mot "naturelle" dans le terme "bande de végétation naturelle". Il n'est pas question de planter quelques arbres et arbustes et de les entourer d'une jolie pelouse bien tondue, une telle bande ne sera pas efficace. Plantez plutôt des arbres à environ quatre à cinq mètres d'espacement et des arbustes à un mètre d'espacement, en quinconce, pour créer un peuplement dense. Et arrêtez de tondre, car les graminées, vivaces et même les mauvaises herbes qui pousseront autour des arbres et des arbustes font partie de l'écosystème filtrant. Vous voulez créer une masse de végétation, pas seulement quelques îlots.

Coût minime

Le coût de la revégétalisation des rives est minime, car on peut commencer avec de tout petits arbres et arbustes, mais il ne faut pas attendre, puisqu'il faut normalement une dizaine d'années avant qu'un lac mourant commence à ressusciter une fois qu'on arrête de le polluer. Les poussées d'algues bleues cet automne indiquent donc qu'il est grand temps de commencer !

Que planter ?

Dans le fond, il n'y aurait pas besoin de rien planter si l'on n'avait pas une urgence d'agir. En effet, si on arrête de tondre et de "nettoyer" en bordure d'un plan d'eau, la végétation naturelle revient toute seule, mais lentement. C'est pourquoi on préconise la plantation de jeunes arbres et d'arbustes pour lancer une naturalisation plus rapide. Il n'est même pas nécessaire d'enlever le gazon, plantez tout simplement à travers la pelouse, arrosez bien le premier été s'il fait sec, puis arrêtez de tondre. Après, l'entretien est nul, car Dame Nature s'en occupera.

Suggestions de végétaux :

> Arbres indigènes
> Bouleau à papier (Betula papyrifera) ; bouleau jaune (Betula lutea) ;
> chêne blanc (Quercus alba) ; chêne rouge (Quercus rubra) ; épinette
> blanche (Picea glauca) ; érable argenté (Acer saccharinum) ; érable rouge
> (Acer rubrum) ; frêne de Pennsylvanie (Fraxinus pennsylvanica) ; mélèze
> laricin (Larix laricina) ; orme d'Amérique (Ulmus americana) ; peuplier
> baumier (Populus balsamifera) ; peuplier deltoïde (Populus deltoides) ;
> peuplier faux-tremble (Populus tremuloides) ; sorbier d'Amérique (Sorbus
> americana) et thuya occidental (Thuya occidentalis)

Arbustes indigènes

> Aulne rugueux (Alnus incana rugosa)* ; cornouiller stolonifère (Cornus
> stolonifera)* ; dièreville chèvrefeuille (Diervilla lonicera) ; myrique
> baumier (Myrica gale)* ; noisetier à long bec (Corylus cornuta) ;
> physocarpe à feuilles d'obier (Physocarpus opulifolius) ; rosier rugueux
> (Rosa rugosa) ; saule de l'intérieur (Salix interior)* ; saule discolore
> (Salix discolor)* ; spirée à larges feuilles (Spirea latifolia) ; sureau
> du Canada (Sambucus canadensis)

* Végétaux Qui Tolèrent Les Inondations Et Qui Peuvent Donc Aller En Bordure Du Plan D'eau.

Au ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec on préconise l'utilisation d'arbustes, d'arbres et de conifères indigènes de façon à contribuer à attirer la faune indigène. Par contre, si vous voulez incorporer dans votre bande de végétation quelques végétaux qui ne sont pas indigènes, comme des arbustes au feuillage coloré ou un arbre pleureur, cela ne nuira nullement à l'efficacité du projet. L'important, c'est de créer un écosystème qui fonctionne, voilà tout.

Agir ensemble pour un effet positif

Beaucoup de lacs ont des associations de riverains (ou devraient en avoir). Idéalement ces groupes devraient s'organiser (et d'ailleurs plusieurs sont en train de le faire) pour présenter les avantages de la revégétalisation des rives à leurs membres, pour appuyer leurs démarches et pour trouver des sources de végétaux et de l'aide technique. Les municipalités aussi doivent s'impliquer, non seulement en appuyant les associations de riverains, mais aussi en osant appliquer les règlements déjà existants, plutôt que de fermer les yeux sur les contrevenants.

Guérir un lac malade est si facile... quand tout le monde travaille de pair. Et que les déboires de nos lacs cet automne servent d'avertissement: le temps d'agir, c'est maintenant !

© 2006 Le Soleil. Tous droits réservés.
Doc. : news·20061104·LS·0143

Nuages-menaçants
Lac-St-Joseph (Octobre 2004)
crédits photo S.Bellefoy

jeudi 9 novembre 2006

Boule de liens

Liens vers des articles de presse divers qui traitent de la problématique des cyanobactéries dans le lac St-Joseph à l'automne 2006

L'eau du lac Saint-Joseph peut être bue.

Le lac Saint-Joseph vieillit prématurément.
Les ciscos morts et les cyanobactéries en sont des signes...

Mortalité massive de poissons au lac St-Joseph

Les citoyens convaincus de la nécessité d'agir...

Le lac des «millionnaires» empoisonné...

Fossambault-sur-les-algues

Sylvain Trépanier
Journal de Québec
30/09/2006 08h42


Extrait d'article à lire ici:
" «C'est peut-être un mal pour un bien, estime Réjean Lemay, résidant de Fossambault-sur-le-Lac. Souvent, il doit y avoir un épisode malheureux comme celui-là pour que les gens prennent conscience de la richesse que constitue un lac».

«Toute l'information pour dire comment traiter un lac pour qu'il reste en santé est disponible, mais pour que les gens soient réceptifs à ces informations, il doit y avoir un événement comme celui-là. Maintenant, ou on fait pitié ou on tire des enseignements de ça», ajoute Réjean Lemay.

Mario Gagné, lui, demeure à Fossambault-sur-le-Lac depuis plus de 25 ans. Pour lui aussi, il faudra trouver une solution à long terme.

«J'avais jamais vu ça avant, et là, ça fait deux fois en deux semaines. Y'a quelque chose qui ne va pas», laisse-t-il tomber.

À la municipalité, on assure également que des choses sont en chantier. «On cherche une autre source d'eau qui nous affranchirait de lac comme source d'eau potable. Nous avons trouvé une nappe d'eau souterraine et il nous reste à déterminer quelle quantité d'eau elle peut nous fournir et quelle en est la qualité, mentionne Richard Labrecque, directeur général à la Ville de Fossambault-sur-le-Lac. L'ensemble du processus pourrait prendre deux ans. "

Cyanobactéries au lac Massawippi

Un billet écrit par Michel Clairoux, président de l’Association pour la protection du lac Massawippi, en tribune libre.

Extrait: "L’eau de mon lac est devenue toxique selon le Ministère du Développement Durable, en Environnement et des Parcs. La cause est la présence des algues bleues. Les algues bleues sont des cyanobactéries qui produisent des toxines. D’où viennent-elles ces méchantes bactéries? On les retrouve dans la nature et leur nombre explose si elles ont suffisamment de lumière, de chaleur, d’azote et de phosphore. D’après les spécialistes, le facteur limitant leur croissance est le phosphore. Le phosphore des lacs provient de trois sources principales: les fertilisants chimiques ou naturels (fumiers ou lisiers), le traitement des eaux usées, et l’érosion des sols.

C’est donc l’activité humaine autour du lac et dans son bassin de drainage qui est directement responsable de cette situation difficile pour les citoyens du lac Massawippi. Mais il y a d’autres lacs en Estrie et au Québec qui éprouvent les mêmes problèmes. À nos décideurs, j’aimerais dire que notre modèle québécois de développement durable a des ratés. La présence en grand nombre de ces méchantes bactéries n’est pas le fruit du hasard ou d’un concours de circonstances, c’est plutôt le signe d’un laisser-faire généralisé. Je crois que nous allons être pris avec ce problème pendant longtemps.(...)"

Les cyanobactéries au Québec

Un billet sur le blogue d'Elisabeth Papin qui aborde la problématique des cyanobactéries au lac du Moulin, dans le parc de conservation du Mont-Bruno...

La guerre aux cyanobactéries est déclarée
Nathalie Hurdle
La Tribune
Asbestos


Extrait:(...) "Il faut absolument se mobiliser, car tous les gestes et les actions posés par le RAPPEL depuis 10 ans et par plusieurs associations riveraines depuis encore plus longtemps auraient dû enrayer le problème de cyanobactéries, mais ce n'est pas assez. Nous constatons que nous n'avons pas les moyens d'en faire plus!", affirme Denis Bachand, membre du conseil d'administration au RAPPEL et responsable du projet GUERRE aux blooms de cyanobactéries. (...)

Renaissance d'une association.

Suite à l’émergence d’algues bleues cet automne au Lac St-Joseph, l’inquiétude des citoyens s’est manifestée au cours des différentes réunions municipales, ce qui a permis à l’Association pour la protection du lac de rejaillir de ses cendres.

Déjà présente durant les années 80, l'Association n’existait plus qu’en théorie, mais les récents événements touchants notre lac lui ont redonné vie. Active depuis quelques semaines seulement, l’Association reprend ses marques administratives et réfléchit aux actions à prendre pour sauver l’un des plus beaux lacs de la région.

Ce blogue a pour but d’informer les membres et la population des dangers qui menacent la santé du lac, des facteurs responsables de la dégradation de la qualité d’eau ainsi que des projets de l’Association et des mesures mises sur pieds par celle-ci pour assurer un avenir meilleur à cette nature qui nous tient à coeur…

Sunset-Catch
Lac-St-Joseph (Juin 2006)
crédits photo S.Bellefoy