jeudi 28 juin 2007

État de santé du lac St-Joseph

My creation

Le 26 juin dernier s’est tenue à l’hôtel de ville de Fossambault la présentation officielle de l’étude environnementale commandée par les trois maires des municipalités qui entourent le lac St-Joseph. Cette étude commencée au printemps 2006 s’est révélée très pertinente durant les mois qui suivirent son approbation avec l’émergence de plusieurs inquiétudes concernant la bonne santé du plan d’eau.

L’on se rappellera facilement l’épisode de mortalité massive des ciscos l’été dernier et bien évidemment l'apparition de fleur d’eau de cyanobactéries à l’automne.

Cette étude portait donc sur les points suivants :

- La qualité de l’eau
- L’ensablement du lac
- L’eutrophisation
- L’état du milieu biologique et aquatique

L’eutrophisation désigne l’échelle de vieillissement d’un lac (oligotrophe, mésotrophe, eutrophe). Habituellement un lac vieillit sur une période de plusieurs millénaires, cependant l’on réalise de nos jours que l’activité humaine peut faire dépérir un plan d’eau dans le temps d’une vie humaine…

L’étude a révélé des points troublants. Le déboisement anarchique des rives et la construction de murets et de quais faits de béton réchauffent la zone littorale du lac. Aussi il a été constaté que l'eau manquait d’oxygène en profondeur. Pour ce fait précis, c’est le bassin sud du lac qui est très touché. Ce problème explique le pourquoi de l’épisode des ciskos. L’étude démontre que les niveaux d’oxygène en profondeur ont atteint un seuil extrêmement dangereux pour la vie aquatique. L’on peut donc conclure que les ciskos morts durant l’été dernier ont tout simplement étouffé au fond de l’eau. Les niveaux de phosphore sont également préoccupants dans la rivière aux pins.

Il faut se rappeler que le milieu du lac St-Joseph est rapidement saturé. La nature physique de son environnement composée de multiples vallons est propice à une accumulation de sédiments. C’est un lieu fragile. Son sol mince et ses fortes pentes le prédisposent à l’érosion. De plus tout ce qui se passe dans une zone de 100 métres autour de la bande riveraine a un impact sur le lac. L’on constate aujourd’hui que 75 % de cette bande riveraine est habitée et qu’il ne reste plus que 25 % à l’état naturel. Ce bilan ne fait pas état des constructions qui se réalisent à l'instant présent.

Maison lacMaison lac

Dans ces 75 % de rives habitées, l’on constate que seul un terrain sur quatre est naturalisé. Les chiffres montrent que 60% de cette zone est constitué de murets, ce qui indique que quatre terrains sur cinq sont artificialisés. Ce sont des chiffres importants qui mettent en valeur l’un des principaux facteurs d’eutrophisation du lac. Il est donc urgent de conserver les zones encore à l’état naturel et de renaturaliser les autres…

Autre fait troublant: deux espèces de plantes aquatiques ont été introduites, de toute évidence par des bateaux, au milieu naturel : l’élodée du Canada (appelée aussi peste des eaux) du coté de la baie Duschenay (dans le coin du débarcadère) et l'algue chara du coté nord du deuxième basin.

Ski-nautique-I

En ce qui concerne l’ensablement général du lac, l’on constate que le plan d'eau s'est beaucoup ensablé dans les dernières années. Ceci est causé par plusieurs problématiques:

- La problématique de la rivière aux pins
- La problématique des embarcations à moteur
- La problématique des fossés inadéquats

Une accumulation de facteurs néfastes à la bonne santé du lac met en péril cette nature que nous apprécions tous. Maintenant que nous connaissons les faits, nous ne pouvons plus ignorer les dangers qui menacent notre environnement. Il est urgent de changer la façon que nous avons de percevoir le lac si nous voulons nous engager sérieusement sur la voie du rétablissement. Il aura fallu plusieurs décennies d’excès et d'insouciances pour en arriver là, il faudra donc faire preuve de beaucoup patience et d’un engagement à long terme pour arriver à réorienter la tendance actuelle. La bonne nouvelle est qu’il n’est pas trop tard.

Le point de non retour (comme c’est le cas pour le lac Sergent et le lac St-Augustin) n’est pas atteint. Les recommandations pour ne pas en arriver là sont multiples. Il est nécessaire de réaliser un plan stratégique afin de réduire l’apport de tous types de sédiments. Il faut conserver ou restaurer une bande riveraine d’au minimum 10 mètres, réduire l’apport en phosphore, assurer la conservation des milieux humides, surveiller, modérer et laver les embarcations à moteur, sensibiliser la population.

Le lac St-Joseph n’est pas cliniquement mort comme c’est le cas du lac St-Augustin mais il n’est pas en grande forme! Nous avons la chance inestimable d’être en mesure de le sauver et de le préserver. C’est à nous tous de prendre cette chance pendant qu’il en est encore temps d'inverser la vapeur. Si nous ne changeons pas notre mentalité, d’ici quelques années, il sera trop tard…

Plusieurs paramètres ont été retenus par la municipalité de Fossambault, les deux points principaux étant la revégétalisation des rives et l’investissement de 275 000 $ dans l’amélioration et la réfection des égouts. Aussi l’étude entamée se poursuivra durant les prochaines années afin de garder un œil sur l’évolution de la santé du lac. Les actions spécifiques prises par la municipalité se résument ainsi :

- Création d’une patrouille nautique pour sensibiliser la population
- Règlements sur le contrôle des fossés et des irrigations
- Interdiction d’utiliser des engrais et fertilisants
- Mandat d’étude sur le portait et la gestion des eaux de surface
- Préservation des marais du Grand Héron

Pour tous ceux qui voudraient en apprendre davantage sur les résultats de cette étude environnementale, il est désormais possible d’en consulter tous les détails imprimés en plusieurs cahiers et ouverts au public. Pour ce faire il suffit de se rendre dans les locaux de l’hôtel de ville de Fossambault sur le lac.

La conclusion de cette étude est quelque peu indigeste. Les conditions sont encore bonnes mais la situation est extrêmement précaire. Le capital invisible qui se cache en notre magnifique paysage a été perdu de vue. Le lac n’est pas un terrain de jeux mais un milieu extrêmement riche du point de vue écologique. Un milieu comme il s’en perd un petit peu plus à chaque année.

Désirons-nous vraiment aller dans cette direction destructive? Désirons-nous vraiment voir notre lac dépérir et mourir? Car si nous ne faisons rien, la détérioration de l’état de santé du lac St-Joseph est inévitable. L’héritage que l’on laissera à nos enfants et petits enfants sera alors irrémédiablement empoisonné, est-ce vraiment cela que nous avons à coeur? Malheureusement, si nous continuons sur la même voie que celle des années précédentes, c'est exactement cela qui leur pend au nez!

Prenons l'avenir entre nos mains conscientes et responsables pour que les enfants de demain puissent profiter des beautés d’aujourd’hui...

Calme-de-mai Axel

"Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants."
Antoine de St-Exupéry

Texte et photos: S. Bellefoy

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